Mireille Binoux

Nice 1929–Nîmes 2014

Née à Nice, Mireille Binoux manifeste très jeune une passion pour la peinture qui lui vaut une bourse avec laquelle elle suivra les cours du professeur  Narbonne à l’École Nationale des Beaux-arts de Paris. Huit années durant, elle est la compagne de bohême de tous les grands noms du Saint-Germain-des -prés mythique : Bernard Buffet qui la laisse repeindre sur ses tableaux quand elle ne peut pas s’acheter de toiles neuves, César avec lequel elle partage les colis d’approvisionnement de l’armée américaine, Annabelle Buffet qui lui présente Boris Vian et Juliette Gréco, Jean-Pierre Cassel avec qui elle danse le be-bop au Club Saint-Germain. Elle peint sur les quais de Seine et dans son atelier où pose encore Josépha, légendaire modèle de Renoir. En 1956, elle gagne le concours de décoration de l’hôtel Waldorf Astoria et part travailler à New York. Elle fait ensuite le tour des États-Unis, exposant à Boston et Cambridge. De retour en France, elle s’installe à Bougival, lieu d’élection des impressionnistes, et travaille également dans son atelier du Morvan dont elle aime la lumière. Ses nombreux voyages et sa passion pour l’égyptologie influencent considérablement son œuvre. Elle expose régulièrement dans les principales manifestations artistiques parisiennes, Salon d’Automne, Salon de la Nationale, ainsi qu’à Montpellier, Clermont-Ferrand, Lyon, Nice, Marseille, Monaco, Bruxelles, Moscou, Québec, et Vienne.

Son œuvre a reçu les prix Chenavard, Othon Friez, le prix du Dôme, le prix spécial peinture du Lyon’s Club, et le prix de l’ENSBA

Le vertige de la couleur

Au cours des années 1970, le travail de Mireille Binoux prend un nouveau tournant lorsqu’elle se voit offrir un immense miroir déformant. Elle peint alors de nombreuses natures mortes aux fruits disproportionnés et des autoportraits aux visages étirés. Instrument essentiel à la réalisation d’autoportraits, le miroir devient alors un moyen de bouleverser la perspective classique et de créer de nouveaux espaces au sein même de la composition du tableau, et sert presque de prétexte pour laisser la couleur triompher davantage sur la forme. Lorsqu’il est représenté, le miroir reste difficilement discernable afin d’accentuer la perte de repères visuels. Mireille Binoux se sépare de l’usage que fait la tradition picturale de cet objet optique comme preuve de la virtuosité technique d’un rendu fidèle de la réalité par l’artiste, mais en garde le fort pouvoir d’interroger la fonction mimétique de l’art. De la même façon, elle n’emploie pas la nature morte comme un genre capable de révéler une maîtrise des détails, mais plutôt pour dévoiler son univers personnel. Elle dépeint les objets de son quotidien : les flacons et assiettes colorées qui ornent son atelier, des fragments de sa maison de Bougival dont on décèle les carrelages et l’escalier à colimaçon, les pommes en référence aux « obsessions picutrales » de Cézanne, et ses livres d’égyptologie illustrés qu’elle déploie devant le miroir comme autant de patchworks d’images revisitées.

 

In den 1970er Jahren nahm die Arbeit von Mireille Binoux eine neue Wendung, als sie einen riesigen Zerrspiegel geschenkt bekam. Sie malte daraufhin zahlreiche Stillleben mit unproportionierten Früchten und Selbstporträts mit gestreckten Gesichtern. Der Spiegel ist ein wichtiges Instrument für Selbstporträts und dient als Mittel, die klassische Perspektive aufzubrechen und neue Räume in der Bildkomposition zu schaffen. Er dient fast schon als Vorwand, um die Farbe über die Form triumphieren zu lassen. Wenn der Spiegel hier dargestellt wird, bleibt er schwer erkennbar, um so den Verlust der visuellen Orientierung zu verstärken. Mireille Binoux trennt sich von der traditionellen Verwendung dieses optischen Utensils in der Malerei als Beweis für die technische Virtuosität des Künstlers in der wahrheitsgetreuen Wiedergabe der Realität. Sie hinterfragt vielmehr die mimetische Funktion der Kunst, auch nutzt sie das Stillleben nicht um ihre Kunstfertigkeit in der Darstellung von Details zu demonstrieren, sondern vielmehr, um ihre persönliche Welt zu enthüllen. Sie stellt Gegenstände aus ihrem Alltag dar: die bunten Flaschen und Teller, die ihr Atelier schmücken, Fragmente ihres Hauses in Bougival, in dem man die Fliesen und die Wendeltreppe erkennen kann, die Äpfel in Anspielung auf Cézannes „bildliche Obsessionen“ und ihre illustrierten Ägyptologiebücher, die sie vor dem Spiegel wie ein Patchwork aus neu interpretierten Bildern ausbreitet. 

(Colette Angeli)